Il y a de cela 4 mois, j’ai facilité le financement d’une activité de recherche dans le cadre du projet “Centre LucAS”. Cette activité qui a consisté à l’immersion d’un Etudiant en médecine dans le site minier de Kari-Bombi (dans la Province du Tuy, Région des Hauts-Bassins) devrait contribuer à la rédaction de sa thèse de doctorat en Médecine et s’inscrivait dans le programme d’activités du projet “Centre LucAS”. Cet article représente le rapport d’activité produit par l’étudiant.

Droite à gauche: Raymond étudiant en médecine, orpaileurs

Il était 07 heures quand le soleil se levait le 24 Novembre 2019, sur la ville de Houndé, localité située sur la Nationale 1, à 265 Km à l’Ouest de la capitale Ouagadougou. Nous nous préparions pour prendre la route sur des motocyclettes. Après trois longues et pénibles heures sur une route caillouteuse, nous arrivons enfin au village de Kari-bombi. Notre guide sur place est là pour nous diriger vers le site minier artisanal du village, notre destination finale.

Aperçu des hangar

De loin, nous apercevons déjà des hangars de fortune à perte de vue avec pour seuls toits des morceaux de bâches flottant dans l’air. Sous ces hangars, des mineurs en grande majorité jeunes, transpirant, les visages poussiéreux et presque méconnaissables, concassent ou broient le minerai d’or. D’autres, installés non loin de là achètent le métal précieux. Nous distinguons parmi les hangars des boutiques de ventes de biens de première nécessité. Dans le lot, on pouvait enfin apercevoir des conduits étroits aux parois soutenus par des poutres de bois : il s’agissait des puits d’or d’où l’or est extrait dans les profondeurs par creusage à la main.

Les puits d’or
Les puits d’or

Après nous être présentés et expliqué l’objectif de notre visite, les orpailleurs se sont rassemblés pour écouter avec intérêt ce que nous avions à leur dire.

Pour commencer, nous avons écouté attentivement les orpailleurs pour évaluer leur niveau de connaissance des risques de santé liés à leur métier. Etonnamment, aucun orpailleur n’a pu citer plus de trois maladies liées à l’orpaillage artisanal. Et nombreux n’ont pu identifier un seul problème de santé lié à l’orpaillage. Bien au contraire, certains ont même dit que l’orpaillage n’a aucun impact sur la santé.

Nous avons donc débuté la session en présentant les risques sanitaires liés à l’orpaillage. Nous avons commencé par les traumatismes liés aux éboulements puis les traumatismes liés aux instruments utilisés pour le travail. Ensuite, nous avons abordé les douleurs osseuses et articulaires et les intoxications liées à l’utilisation du cyanure et du mercure. Nous avons fini l’exposé par les maladies liées à la mauvaise hygiène et les infections sexuellement transmissibles (VIH, …). L’attention des orpailleurs était saisissable, tellement ils étaient captivés par ce qu’ils entendaient. Ils étaient visiblement émus par ce qu’ils apprenaient et qui allait les aider à préserver leur santé.

Dans une deuxième partie, toujours de façon participative, nous avons proposé aux orpailleurs des solutions pratiques pour minimiser les risques liés à leur métier. Ils ont promis d’appliquer toutes les mesures proposées et d’être des relais de l’information auprès de ceux qui n’ont pas pu bénéficier de la formation.

Photo de groupe avec les orpailleurs

Il était 15h quand nous quittions nostalgiquement Kari-bombi et ses braves travailleurs qui se battent au péril de leur vie pour subvenir aux besoins de leurs famille. Des citoyens qui se croient délaissés par leurs gouvernants et qui lancent un cri de détresse.

Nous retenons de cette immersion l’importance de l’éducation dans le domaine de la santé publique en général et dans l’orpaillage artisanal en particulier.

SAWADOGO . K . Raymond
Etudiant en année de thèse de médecine

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